Valorisation des actions de transition

[REPLAY+FAQ] Valorisation des Actions de Transition | Comment mettre en avant toutes les actions en faveur d’un monde bas carbone ?

Le 17 mars 2021, l’ABC a organisé un webinaire consacré à la valorisation des actions de transition bas carbone.

Retrouvez ci-dessous le contexte de cet événement, la FAQ, ainsi que la vidéo entière.

CONTEXTE

Les émissions évitées : aucun consensus et un flou communicationnel

L’urgence climatique nous impose de transformer en profondeur nos modèles économiques. Malheureusement, la transition bas carbone est encore trop lente et une grande partie du tissu économique français reste démuni face à cet enjeu de transformation inédit. Les outils et méthodes à sa disposition ne sont pas suffisants pour assurer l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Jusqu’à présent, le calcul d’émissions évitées était utilisé pour mettre en avant l’impact d‘une action donnée. La complexité de ce calcul et des conclusions que l’on peut en tirer rend toutefois son utilisation périlleuse pour un grand nombre d’acteurs non-experts. Qui plus est l’absence de consensus normatifs prête le flanc à des communications environnementales trompeuses mettant en avant des actions dont la portée est en réalité insuffisante pour mener à bien la transition.

La Valorisation des Actions de Transition : une boussole climat tournée vers l’action

Suite à ce constat, l’ABC a décidé d’œuvrer à l’émergence d’une nouvelle méthode simple et facile d’accès afin d’aider à la fois les organisations et les territoires à identifier et mettre en avant les actions réellement pertinentes pour leur transition et faire émerger un monde bas carbone. La Valorisation des Actions de Transition dépasse la notion d’émissions évitées pour se tourner, à l’échelle de l’action, vers une approche qualitative normée résolument orientée vers l’objectif de neutralité carbone en 2050. Pensée comme une boussole climat, la méthode qualifiera toute action comme étant plus ou moins pertinente au regard de la transition, permettant au décideur d’orienter son choix.

VIDEO [REPLAY]

FAQ

Comment se fait-il qu’un GAFA puisse communiquer sur une neutralité carbone depuis 2007 ? Comment cela se fait-il ? La simple compensation suffit-elle à aborder la question de la neutralité carbone ? Ce genre d’annonce est-il réglementé ? »

La neutralité carbone ne faisant pas l’objet d’un consensus normatif et les communications à ce sujet n’étant pas règlementées certains acteurs en profitent et font preuve d’une très grande largesse quant à leur contribution réelle à la transition et plus particulièrement à l’atteinte de la neutralité carbone. Ainsi, ce genre de déclaration est rendue possible en réduisant les périmètres, c’est-à-dire en n’ayant pas une vision exhaustive de sa responsabilité climatique (i.e. sans jamais prendre en compte les émissions indirectes alors que l’on sait qu’elles représentent souvent la majorité du volume d’émissions) et en ayant un recours massif à la compensation carbone. Qui plus est, ces déclarations entendent souvent parler de la neutralité comme d’une simple opération comptable (émissions – séquestrations) alors qu’on ne peut en réalité que seulement contribuer à l’atteinte de la neutralité à l’échelle globale ou nationale. Pour se faire, il faut être exhaustif dans la compréhension de sa responsabilité climatique et il faut se projeter sur le (très) long terme, c’est-à-dire 2050.

Ces communications irresponsables sur la neutralité carbone (car in fine elles contribuent à induire en erreur le grand public sur la contribution réelle d’une entreprise à la transition) ainsi que ce besoin de se comparer à l’horizon 2050 – pour savoir si on fait suffisamment et non plus simplement mieux qu’avant – est à l’origine de la méthode de la V.A.T.

Est-ce que les engagements Science Based Targets sont en adéquation avec les objectifs 2050 ? Permettent-ils d’avoir cette vision prospective que met en avant la V.A.T ?

Oui les engagements (SBT) sont en adéquation avec l’objectif 2050 de neutralité carbone. Ces derniers ont pour référence les trajectoires sectorielles de décarbonation de l’AIE. Néanmoins, même si c’est une première approche d’une vision prospective, se fixer des objectifs de réduction de type SBT ne peut pas être assimilé à une action de transition en soit. En revanche, l’ensemble des actions contribuant à l’atteinte de cet objectif le seront et la méthode de la V.A.T permettra d’en déterminer la pertinence.

Dans le cadre d’une exploitation agricole, quel degré de pertinence est considérée pour une action de séquestration ? A la lecture du graphique elle semble être considérée comme peu pertinente

Le graphique doit être lu et adapté de manière sectorielle, c’est-à-dire que l’ordre de pertinence de l’action est voué à évoluer en fonction du secteur de l’acteur. Le graphe présenté dans ce webinaire ne correspond pas à la lecture qui pourra en être fait dans le cas d’une exploitation agricole. Pour ce secteur particulier, il y a de très forts enjeux GES associées à l’augmentation des capacités de séquestration. Ainsi, une action contribuant à cet objectif sera donc jugée très pertinente.

Dans la méthode de la V.A.T Vous semblez classer la compensation comme action non pertinente. Les entreprises doivent-elles la prendre en compte et si oui quelle importance doivent-elles lui accorder ?

La Valorisation des Actions de Transition fait le choix fort de considérer la compensation comme action systématiquement moins pertinente car la priorité doit être absolument donnée à la réduction des émissions. Cela ne veut pas dire que la compensation est une mauvaise action pour le climat ou qu’elle n’a pas sa place dans une stratégie de transition bas carbone pertinente, bien au contraire. Elle l’est quand elle est associée à une réelle volonté de réduction des émissions. Malheureusement, le constat doit être fait qu’à l’heure actuelle de nombreux acteurs ont un recours massif à la compensation sans chercher à réduire leurs émissions de GES.

J’ai de nombreux clients industriels qui souhaitent s’engager dans une démarche « zéro carbone ». Comment donner suite à cet engouement et traduire ces volontés en actions concrètes pour dépasser le simple stade des annonces ?

Tout d’abord, le terme « zéro carbone » doit être proscrit. Ce dernier n’a que peu de réalité physique et semble impliquer qu’une activité pourrait réussir à ne pas émettre de gaz à effet de serre. Par la suite, s’engager dans une démarche de transition est un changement structurel qui implique de profondes transformations. Cela implique de la sensibilisation aux enjeux climat, des exercices de comptabilité carbone, la définition d’objectifs, la mise en place d’actions, etc. La Valorisation des Actions de Transition est une méthode qui se veut compléter la boite à outil des acteurs (notamment pour les plus démunis face aux enjeux de la transition) pour qu’ils puissent évaluer la pertinence des actions vis-à-vis de leur propre transition. Elle ne pourra pas, en revanche, se suffire à elle-même.

Pouvez-vous nous donner une perspective quant à l’implémentation de cette démarche? Quelles sont les prochaines étapes de votre côté ?

L’ABC est à la recherche de partenaires techniques et financiers pour consolider et expérimenter la méthode, ceci afin de la confronter aux réalités des organisations et des territoires. Ce travail se fera dans les mois à venir.

Vous semblez dire qu’une action pertinente porte sur le cœur d’activité (scope 1) et que la chaine de valeur (scope 3) est généralement moins pertinente alors que cela représente souvent plus de 80 % des émissions des entreprises.

La Valorisation des Actions de Transition, ne considère pas que c’est moins pertinent d’effectuer des actions sur sa chaine de valeur, bien au contraire. Nous sommes conscients que le scope 3 représente pour de nombreux secteurs la majorité de leurs émissions. Néanmoins, il arrive aussi que pour d’autres ce soit bien le cœur d’activité qui participe de manière majoritaire aux émissions de GES d’un acteur. C’est pourquoi nous mettons en avant que l’évaluation de la pertinence d’une action doit se faire sectoriellement. Cela signifie qu’au regard du volume d’émissions d’un acteur et d’un secteur donné, l’ordre de pertinence de l’action est voué à évoluer. Ainsi, à titre d’exemple, une action sera jugée très pertinente si elle agit sur la chaîne de valeur d’un acteur dont les ¾ de son volume d’émissions provient du fret aval (i.e. chaîne de valeur). Une action sera également jugée très pertinente si elle agit sur le cœur d’activité d’un acteur pour qui l’énergie consommée représenterait la majorité de ses émissions de GES.

Toutes les actions évoquées dans les cas d’application pourraient être quantifiées et nous aurions ainsi une idée de leur efficacité ? Qu’apporte en plus la méthode de la V.A.T ?

En effet, la portée GES de toutes les actions peut être quantifiée. Néanmoins, cette quantification n’est pas simple pour de nombreux acteurs. Cela demande une compréhension certaine des notions de comptabilité carbone (références, scénarios, etc.) et des enjeux de transition au sens large. Qui plus est la communication autour des émissions évitées peut être sujette à de nombreux écueils et induire en erreur quant à la contribution d’un produit, d’un service ou d’une action en général à la réduction d’émissions de GES. Or, le constat doit être fait que de nombreux acteurs n’ont pas ces compétences. C’est pourquoi, par la Valorisation des Actions de Transition nous souhaitons leur apporter une aide à la décision basée sur des critères qualitatifs et orientée au niveau de l’action afin que tous les acteurs (et notamment les plus démunis face à l’enjeu de transition) puissent déterminer et évaluer la pertinence de leurs actions.

Allez-vous mettre en œuvre un « outil » à destination des consultants et/ou des dirigeants pour cadrer les réflexions et faciliter la prise de décision ?

Oui c’est l’objectif de la méthode de la V.A.T : fournir une boite à outil d’évaluation utilisable par tous pour nourrir la réflexion et aider au passage à l’action.

La V.A.T cherche-t-elle à classifier et prioriser les actions envisagées ?

La Valorisation des Actions de Transition n’a pas pour objectifs de prioriser les actions entres elles, cette décision revenant in fine à l’acteur lui-même. Nous cherchons ici à déterminer et valoriser les actions pertinentes pour aider les acteurs dans leur transition.

La V.A.T cherche-t-elle à coupler l’évaluation de la pertinence d’une action au « coût » financier de mise en œuvre ?

Non, la Valorisation des Actions de Transition ne porte pas de regard sur le coût financier de chaque action.

Conseillez-vous aux acteurs voulant agir pour la transition de revoir leurs actions (déjà enclenchées) via cette méthode ?

Il est tout à fait possible de porter un regard sur les actions déjà enclenchées via la Valorisation des Actions de Transition afin de s’assurer de leur cohérence. Néanmoins, la V.A.T a une vocation d’aide à la décision et donc à être utilisée avant le passage à l’action.

A quel horizon de temps prévoyez-vous des scenarios sectoriels ? Dans quels ordre (de secteurs) comptez-vous publier ces scenarios ?

L’ABC aimerait travailler dans les mois qui viennent à ces scénarios. Néanmoins, ces derniers ne pourront voir le jour qu’avec le soutien et la collaboration (techniques et financières) des acteurs et des secteurs eux même. C’est pourquoi, il nous est impossible de prévoir un ordre entre les scénarios.

Je ne comprends pas comment, au-delà de l’auto évaluation, on mesure la contribution de l’action à la trajectoire bas carbone ?

Cette contribution s’évalue via plusieurs critères mais plus spécifiquement par les 3 critères que sont :

  • la pertinence,
  • la contribution,
  • l’adéquation.

En effet, comment penser sa trajectoire bas carbone sans s’assurer d’agir sur la réduction des volumes d’émissions les plus significatifs de son organisation, sans faire en sorte de s’affranchir des risques que représente le changement climatique, sans évaluer la contribution financière ou d’image que peut apporter une action et enfin sans évaluer l’adéquation de l’action avec les objectifs de transition long terme. Plus particulièrement, l’évaluation de cette adéquation s’évalue aux regards de scénarios prospectifs qui permettront sectoriellement de définir par des indicateurs, des orientations, des ratios, etc. le monde bas carbone (à l’instar de ce que fait, de manière générique, la SNBC).

RESSOURCE

  • PDF de la présentation : Lire en ligne
  • Publication : Comment mettre en avant toutes les actions en faveur d’un monde bas carbone ? : Lire en ligne

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Quentin Brache

Chargé de communication

Spécialiste en communication engagée ! Sujets de prédilection : #digital, #stratégie, #communication et #environnement

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