Une enquête réalisée par l’ABC et le Citepa – Édition 2025
L’Association pour la transition Bas Carbone (ABC) et le Citepa publient les résultats de leur nouvelle enquête de caractérisation de l’empreinte carbone des Français·es. L’étude, menée avec l’appui financier de l’ADEME, a été réalisée auprès d’un échantillon de plus de 2 000 personnes interrogées sur leurs modes de vie sur l’année 2023.
Dans la continuité de l’enquête conduite en 2023 sur les modes de vie des individus en 2022, cette édition inaugure un rendez-vous périodique dédié à l’étude de l’empreinte des Français·e·s.
Une fracture carbone qui se confirme
L’enquête met en lumière des inégalités notables en matière d’empreintes carbone des Français·es, celles-ci allant de 3 à 83 tCO₂ eq./an, pour une moyenne qui s’établit à 8,5 tCO₂ eq./an.
Quand les 10% les plus émetteurs comptent pour pas moins d’un quart de l’empreinte totale, les 10% les moins émetteurs, eux, n’en concentrent que 5%.
Les postes logement et transport expliquent la majorité des écarts tandis que l’alimentation, elle, reste un poste stable et important pour la grande majorité des Français·es. Elle devient le poste d’émission principal chez les moins émetteur·rice·s.
Le niveau de sensibilisation aux enjeux environnementaux influe également sur l’empreinte carbone individuelle : notre étude montre que moins les individus sont sensibilisés, plus leur empreinte est élevée.
Enfin, le revenu est un marqueur clé de l’empreinte carbone. L’empreinte médiane passe de 6,6 tCO₂eq pour les individus du premier décile de revenu, à 8 tCO₂eq pour ceux du dernier décile. Toutefois, le critère du revenu n’explique pas tout, comme le montre l’empreinte des ménages à faibles revenu, fortement influencée par les postes transport et logement.
Une analyse par clusters
Pour mieux comprendre les disparités d’empreinte en présence et aborder l’empreinte comme une combinaison de plusieurs facteurs, une approche par clusters a été menée.
Cette analyse a permis d’identifier quatre grands profils (ou clusters), chacun regroupant des personnes aux caractéristiques communes.
Ces résultats ont permis de mettre en lumière deux questionnements majeurs : celui de l’équité face à l’empreinte et celui des causes des plus fortes empreintes.
Distinguer empreinte subie et empreinte choisie
Une analyse plus fine a donc été menée sur le quart de la population le plus émetteur, responsable à lui seul de 42 % des émissions totales.
L’objectif : comprendre les causes de ces fortes empreintes et repérer les leviers d’action possibles.
Ici, trois grands profils se distinguent et une notion clé émerge : la distinction entre empreinte choisie et empreinte subie. En effet, on observe que certaines émissions sont liées à des contraintes structurelles (logement ancien, dépendance à un système de chauffage carboné, etc.), tandis que d’autres relèvent de choix individuels (loisirs carbonés par exemple).
Un outil d’aide à la décision pour une transition équitable
L’ambition de cette étude n’est pas de pointer du doigt, mais de mieux comprendre la diversité des situations en présence. Cette compréhension est un prérequis pour accompagner la transition.
En effet, notre étude permet de dépasser la notion d’ « empreinte moyenne » pour se pencher sur les inégalités d’émissions, offrant ainsi un niveau d’analyse plus fin aux pouvoirs publics dans leur rôle d’élaboration de politiques publiques de transition ciblées efficaces et justes.
Enfin, les résultats de notre étude permettront d’éclairer le débat public afin que ce dernier ait lieu sur des éléments chiffrés, détaillés et pertinents, prérequis nécessaire à toute transformation de fond.